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Pascale Mercier, la force de la spontanéité

Si elle a baptisé son atelier Terre de couleurs, c’est en référence à Chamarel, l’une des curiosités naturelles de l’île Maurice, mais aussi à son attirance pour la richesse chromatique, qui se retrouve dans ses tableaux.
Par Christian Charreyre

Peintre autodidacte née en 1968 en Bourgogne, Pascale Mercier a d’abord été influencée par les impressionnistes comme Caillebotte, Gauguin ou le douanier Rousseau. Aujourd’hui, ses œuvres se répartissent entre hyper-réalisme et abstraction, avec une plus grande liberté d’expression, mais toujours avec une place prépondérante accordée aux couleurs qui traduisent ses impressions et émotions issues de ses souvenirs de voyages, de ses rencontres ou, tout simplement, de moments de vie.

Comment êtes-vous venue à la peinture ?

Adolescente, j’aurais aimé faire des études liées à l’art et je n’en ai pas eu l’occasion. Je me suis mise à peindre autour de la trentaine et, depuis un peu plus de vingt ans, je baigne pratiquement dans la peinture, soit en travaillant pour moi, soit en organisant des événements pour mettre en avant le travail d’autres artistes.

Comment vous êtes-vous formée ?

Je suis autodidacte. J’ai pris quelques cours pendant six mois, mais ce n’était pas ce qui me correspondait, je ne me retrouvais pas dans l’approche de l’endroit où j’allais. Alors j’ai continué toute seule, et aussi avec des amis, dans des temps un peu plus conviviaux. J’aime beaucoup les rencontres. Être à plusieurs, c’est déjà se donner un rendez-vous et s’y mettre, un peu comme dans une salle de sport. Cela vient structurer la pratique. Et c’est toujours dynamisant. Même si chacun fait des choses très différentes et porte un regard bienveillant, une personne peut transmettre des choses, indiquer ce qu’elle ressent, ce qui permet de progresser.

Comment avez-vous trouvé votre style ?

J’ai commencé par être figurative. Au départ, je pense que l’on a envie de reproduire ce que l’on voit, de se dire que l’on est en capacité de dessiner et de reproduire la réalité. Dans mon parcours, j’ai eu envie de mettre plus d’émotion, de personnalité dans ma peinture. J’ai mis une dizaine d’années à aller vers des choses plus abstraites, plus fluides et, aujourd’hui, j’aime bien combiner les deux.

Comment avez-vous choisi votre technique ?

Quand j’ai pris des cours, j’ai découvert la peinture à l’huile. Et c’est une technique que j’ai suivie pendant de nombreuses années et que je pratique toujours. Mais aujourd’hui, avec l’abstraction, je m’intéresse aussi à l’acrylique et aux techniques mixtes. Je ne suis pas figée.

Comment choisissez-vous vos sujets ?

Je fonctionne vraiment par besoin, et non comme certains peintres qui choisissent une thématique et développent plusieurs toiles en parallèle. Je dirais que mes différentes thématiques se construisent toutes en même temps. Je peux être sur les vaches parce que j’ai besoin d’être dans l’animalier, puis aller vers le végétal parce que j’ai besoin de bleu, de vert… et passer ensuite à l’abstrait. J’aime beaucoup les feuillages. J’aimerais, si j’avais la possibilité, vivre six mois en France et six mois sous les Tropiques, pour l’exubérance de la végétation, mais aussi les couleurs vives et joyeuses, la lumière, les gens… J’ai voyagé dans les Caraïbes, à l’île Maurice notamment, mais l’Afrique me fascine aussi.

D’où vient cette fascination pour les vaches ?

Cela a en effet été l’un de mes premiers sujets et cette attirance m’a un peu dépassée. Elles font partie de mon enfance, je les ai côtoyées à plusieurs reprises dans ma vie. Peut-être aussi que ce qu’elles représentent, leur côté placide, inoffensif, me plaît. On dit souvent que les vaches regardent passer les trains, ce côté nonchalant et contemplatif me correspond.

Comment conciliez-vous votre pratique artistique et l’enseignement ?

On fait comme on peut [rire] ! Je ne suis pas quelqu’un de rigoureux, je peux être plusieurs semaines sans peindre puis peindre intensément. Je pense que cela vient surtout du cœur.

Votre atelier s’appelle Terre de couleurs. La couleur tient une place particulière dans votre travail ?

Le nom vient des Sept couleurs des Terres de Chamarel à l’île Maurice, qui sont vraiment fascinantes. Mais c’est vrai que la couleur est très importante pour moi. Je n’ai pas une connaissance précise, classique, académique des couleurs, je fonctionne vraiment à l’instinct. Je me pense coloriste au sens où je sais analyser les couleurs, ce que l’on va obtenir si on ajoute une touche de rouge, une touche de jaune. J’entre dans les couleurs un peu comme on savoure un plat. C’est à la fois sensuel et divin, comme une alchimie d’épices. J’aime la couleur pour son côté généreux, pour le bien-être qu’elle me procure.

Comment construisez-vous votre palette de couleurs ?

Je n’ai pas de méthodologie particulière, c’est un peu anarchique. Je suis plutôt sur une palette réduite. Dans mes cours, je préconise de partir sur les couleurs primaires et quelques complémentaires et je fonctionne un peu comme ça. Bien sûr, j’ai quelques tubes de très beaux violets ou de bleus turquoise que j’aurais du mal à créer mais, en général, je n’utilise jamais la peinture sortie du tube. J’aime beaucoup le mélange.

Comment travaillez-vous vos mélanges, sur la palette ou sur la toile ?

Les deux. Je prépare mes mélanges sur la palette et il y a ce qui se passe après, ce qui vient se créer quand il y a suffisamment de matière. Je réalise alors des fondus directement sur la toile.

 

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