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Virginie Schroeder, l’aquarelle en mouvement

Cette artiste toulousaine axe son travail vers les formes et les valeurs, le contraste et le mouvement, les impressions et surtout l’émotion.
Par Christian Charreyre

Virginie Schroeder affectionne particulièrement le croquis et le « pris sur le vif », une façon de ressentir le présent et l’émotion qui s’en
dégage. Elle peint à l’aquarelle, et parfois à l’huile, avec le plaisir de capturer l’instant présent, les paysages urbains, les tranches de vie. Les couleurs comme éléments structurels façonnent son travail.

Quel a été votre parcours artistique ?

Après des études d’architecture intérieure, j’ai travaillé de longues années dans le milieu de la décoration, sur Paris et Toulouse. Aujourd’hui, je suis graphiste professionnellement et peintre pour le plaisir, car je ne pourrais pas en vivre. J’ai commencé le dessin dès l’âge de 16 ans, du dessin académique, ce qui est vraiment la base. Puis j’ai démarré la peinture lorsque j’avais une trentaine d’années, d’abord à l’huile, avant de découvrir l’aquarelle. Et c’est aujourd’hui ma technique de prédilection.

Qu’est-ce qui vous amenée à finalement choisir l’aquarelle ?

Tout d’abord, la simplicité. J’ai toujours adoré les croquis sur le vif et l’aquarelle permet de travailler avec peu de matériel, un carnet ou quelques feuilles, des pinceaux, quelques godets et de l’eau, beaucoup d’eau, naturellement. La peinture sèche rapidement, on n’a pas besoin d’attendre. Il n’y a pas d’odeurs, pas de contraintes. J’ai aussi été attirée par la difficulté. J’ai toujours entendu dire que c’était une technique très délicate à maîtriser, alors j’ai voulu vérifier…

Et alors, est-ce vraiment le cas ?

Je confirme que c’est vraiment monstrueux [rires]. Comme disait Van Gogh, « l’aquarelle est quelque chose de diabolique ». Pendant le confinement, j’ai voulu me remettre à l’huile, que j’avais abandonnée depuis pas mal de temps. Et bien… je me suis ennuyée. J’ai trouvé cela trop facile ! Avec l’aquarelle, vous devez travailler avec la couleur, mais aussi avec le papier, les pinceaux. Il faut avoir un certain lâcher prise car le pigment peut faire un peu ce qu’il veut sur le papier coton. Les couleurs se mélangent sans que vous sachiez exactement ce qui va se passer, c’est très délicat d’anticiper le résultat. Tout n’est pas maîtrisable et c’est passionnant.

N’avez-vous pas de reproche à faire à l’aquarelle ?

Lorsque j’ai commencé, je trouvais que les teintes à l’aquarelle étaient un peu ternes. Et j’ai un goût prononcé pour les couleurs vives et les contrastes. Sans couleurs, il n’y a pas de vie ! Je préfère les pigments naturels, j’ai toute une palette de différents fabricants. Et j’ai découvert une marque américaine merveilleuse, Daniel Smith, qui propose de magnifiques oranges, roses, noirs… qui pénètrent bien dans le papier et la couleur ressort parfaitement.

Comment définissez-vous votre style ?

Je m’intéresse à ce qu’on appelle le dessin abrégé. Et plus particulièrement à ceux du maître Keisai qui datent du XVIIIe siècle. C’est une expression du mouvement. Ce sont des croquis simplifiés et scénographies. Je suis davantage dans le minimalisme que dans le détail, et cela se retrouve dans mon travail.

Quels sont vos sujets d’inspiration ?

D’abord, ma ville, Toulouse, et son architecture. C’est réellement mon sujet préféré. Ensuite, je me laisse porter par mes envies. Par mon métier de graphiste, je suis confrontée à beaucoup d’images différentes. C’est ainsi que je puise mes idées.

Passez-vous beaucoup de temps sur un tableau ?

Non, contrairement à l’huile, l’aquarelle ne permet pas vraiment de revenir sur son travail. Il y a certains papiers qui permettent de corriger les erreurs, mais je les trouvent trop ternes. Alors je peins dans l’instant. Mais en revanche, je jette beaucoup !

N’est-ce pas frustrant ?

Non, pas du tout. Ce qui est important, c’est d’avoir le plaisir de peindre.

Quel conseil donneriez-vous à un aquarelliste débutant ?

D’avoir de la patience… beaucoup de patience !

 

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