L’artiste saisit le langage universel de l’architecture pour rendre dans ses compositions l’esprit d’un lieu, capturant l’essence même des villes qu’il traverse sur la toile. Par Anouck Etcheverry
Architecte et scénographe de formation, Guillaume Chansarel rend comme personne les paysages urbains, capturant dans ses représentations l’identité graphique et l’essence des villes. C’est en parcourant chacune dans toutes les directions, en se laissant envahir par la démesure des grandes cités, en ressentant tout ce qui fait leur identité qu’il capture ainsi leur âme et les rend sur la toile. Paris, New York, Chicago, Londres, Tokyo, il nous donne à voir ce qui échappe à nos regards, une cour parisienne où l’esprit des romans de Victor Hugo est encore vibrant, un vieux réservoir d’eau en bois new yorkais sur le toit d’un immeuble, l’angle d’une sombre rue chicagoane digne d’Al Capone, des ponts londoniens évocateurs des peintures de Turner, un entrelac de buildings et d’échoppes dans la déroutante capitale nipponne… « Chaque cheminée, chaque gouttière, chaque pierre… me permettent, jour après jour, de pénétrer au plus profond l’esprit des villes qui nourrit ma passion », témoigne l’artiste.
UNE INTERPRÉTATION PICTURALE SINGULIÈRE
Si Guillaume Chansarel donne ainsi à voir sa vision personnelle, il s’inscrit pourtant dans une démarche universelle, relevant avec mastria le pari de s’approprier des lieux, qui en tant qu’espaces publics appartiennent à tous, et de nous les offrir généreusement, nous invitant à nous évader dans cette fusion géométrique de volumes, lumières, matières, proportions… Lignes tendues, perspectives vertigineuses, intensité des noirs, éclats de couleur, il nous plonge au cœur de ses sujets avec force et passion. « Je cherche, en laissant librement glisser mon pinceau sur la rigueur de perspectives fidèlement reconstruites, à restituer l’atmosphère d’un lieu tout en jouant sur l’illusion du réel ».
UN TRAVAIL ORIGINAL
« Régulièrement, les gens évoquent la photographie en découvrant mes tableaux », confie-t-il. Pourtant, pour entre les mains de l’artiste, nul objectif. Seul son regard et ses mains sont à l’œuvre pour tracer un travail de perspective dans lequel les couches de peintures se combinent comme les différents plans qui composent une photographie. Le cadrage se situe toujours à l’échelle de l’individu et est influencé par la lumière, ce qui produit une impression réaliste. Au-delà de ces paysages urbains, on découvre une recherche artistique extraordinaire, l’essence même du travail d’un peintre virtuose. À partir de croquis qu’il réalise sur le vif, le peintre compose ensuite dans son atelier. Les supports de ses toiles ? Des pages de livres anciens ramenés de ses voyages à qui il offre une nouvelle vie, travaillées, marouflées en atelier puis mises sur des châssis traditionnels. D’abord le fait du hasard, le livre comme matière première de ses œuvres s’est imposé comme élément distinctif de sa peinture, comme pour entremêler urbanité, modernité et passé.