PAR UNE TOUCHE SINGULIÈRE MARQUÉE PAR DES PERSONNAGES EN NOIR ET BLANC SUR FOND COLORÉ, L’ARTISTE NOUS OFFRE DE MAGNIFIQUES « RENCONTRES » REMPLIES D’ÉMOTIONS.
Par Gabrielle Gauthier
Aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours été en contact avec la peinture. Enfant, j’aimais évoluer dans l’atelier de mon père, dessinateur professionnel et peintre à ses heures. Les flacons de médium, les pinceaux, les tubes de peinture me fascinaient. C’est donc naturellement que j’ai eu envie d’expérimenter tout ce matériel et cela m’a plu dès le début.
J’ai commencé par peindre des paysages, surtout des marines. Je n’ai pas immédiatement osé « m’attaquer » au portrait, cela me paraissait hors de portée. C’est finalement sans trop de peine que je me suis lancée, sans doute par ce que j’avais déjà de bonnes bases en dessin. À chaque fois, c’était – et c’est toujours – un challenge : donner l’impression d’une peinture vivante, en m’appliquant à reproduire le rythme des corps ou les expressions du visage. Cela a boosté ma créativité et m’a ouvert tellement de perspectives dans le choix de mes sujets que je n’ai plus jamais peint de paysages.
Parallèlement à la peinture, j’ai pratiqué la photographie, surtout celle en noir et blanc. J’ai très vite utilisé la photo comme support de mes projets de peinture pour capter l’instant T, une expression dans le regard, un éclat de rire, une posture… Aujourd’hui, la photo est moins un art qu’un outil qui me permet de travailler le réalisme de mes portraits.
J’ai recours à la peinture acrylique uniquement lorsque j’ai besoin de couleurs très flashy comme du fluo ou des couleurs métalliques que je ne trouve pas dans la gamme des huiles, et j’ai recours aux POSCA et aux encres pour dessiner des graffitis sur la toile. Je réserve donc l’acrylique pour certains fonds, surtout ceux d’inspiration Street Art. En dehors de ce cas de figure, je préfère la peinture à l’huile pour laquelle j’ai une véritable prédilection. En effet, je peins toujours dans le frais, notamment pour obtenir de jolis fondus. J’ai donc besoin d’un certain d’un temps d’exécution que la rapidité de séchage de l’acrylique ne m’accorde pas. Mes personnages sont tous peints « alla prima », c’est-à-dire en une seule exécution. Je n’y reviens pas. La peinture à l’huile est suffisamment généreuse et pigmentée pour permettre cela. Actuellement, mes compositions sont réalisées à 100% avec ce médium, même les fonds.
Comment choisissez-vous vos modèles ? Existent-ils ou sortent-ils de votre imagination ?
En général, mes modèles existent, même si je leur apporte des modifications. Je crée très peu de chimères car c’est la réalité qui m’inspire, ce que dégage un individu qui rit ou qui danse.
Le féminin a souvent ma préférence. Mais ce n’est pas un parti pris ; je suis simplement plus sensible à la beauté et à la grâce des femmes.
Cette association n’est pas consciente mais s’explique probablement par mes sources d’inspiration. Il y a d’abord la pratique de la photographie, surtout en noir et blanc, que j’affectionne et dont je m’inspire pour travailler le réalisme de mes personnages. Il y a ensuite le Street Art qui fait partie de ma culture et de mon ADN. Je vis à la campagne dans le sud de la France mais je suis originaire de la Seine-Saint-Denis où j’ai passé l’essentiel de ma jeunesse, témoin de l’émergence de l’Art Urbain sous toutes ses formes.
D’ailleurs, quels sont les artistes urbains qui vous inspirent ou dont vous aimez le travail ?
Surtout les portraitistes… Vhils, Kobra, Jeff Aerosol, FindAc, Jr, David Walker, C215, Dourone et tellement d’autres !