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Rencontres

David Djiango, l’architecte du portrait

EN DÉCOMPOSANT SES PORTRAITS ANIMÉS PAR LA VERTICALITÉ DES LIGNES ET DE TOUCHES RÉPÉTÉES DE COULEURS, L’ARTISTE NOUS OFFRE DE POÉTIQUES ET DYNAMIQUES PORTRAITS.
Par Gabrielle Gauthier

Pour cet architecte devenu artiste peintre, l’architecture reste une source d’inspiration fondamentale. Grâce à elle, il a trouvé un style singulier où l’émotion tient une grande place. Chacun de ses portraits est ainsi animé par la verticalité des lignes et de ces touches
de couleurs répétées encore et encore, une manière de déconstruire les visages qui l’inspirent. Et l’accumulation de ces petites touches crée une belle dynamique où transparaît une certaine poésie.

Une technique singulière

Et ce n’est pas sur une toile qu’il sculpte l’acrylique voire l’huile, au pinceau et au couteau, mais sur le plus léger des métaux, une tôle d’aluminium en l’occurence, « qui réfléchit la lumière qu’elle reçoit et absorbe l’atmosphère de l’espace qui l’habite », explique l’artiste. Cette réflexion de la lumière sur l’aluminium offre à ces visages expressifs agrémentés de feuilles d’or une dimension supplémentaire tant les œuvres semblent s’animer selon la luminosité, la position du regardeur… Des toiles qui prennent vie, tout simplement.

Comment êtes-vous venu à la peinture ?

Je suis «tombé dans la peinture» à l’âge de 6 ans, en dernière année de maternelle! Mon ancienne professeure, que je salue encore aujourd’hui, m’a ouvert la voie.

Quelles sont vos principales influences ?

De formation architecte, l’architecture est devenue ma plus grande source d’inspiration, non pas les perspectives, mais l’architecture du portrait, en travaillant avec la matière pour faire davantage ressortir les émotions.

Comment en êtes-vous venu à « associer » peinture et architecture ?

Les études d’architecture m’ont permis de voir certains détails que je n’observais pas avant. En mêlant cette expérience à la peinture, j’ai pu travailler sur différentes thématiques : le mouvement par la verticalité, les vides et les pleins à l’image d’un plan masse… Je me souviens encore d’une phrase de mon professeur d’atelier d’architecture, qui m’a dit un jour: « la multiplication de petits éléments forment une architecture ». Cette phrase m’a inspiré. J’ai donc installé tous ces éléments sur ma tôle et c’est ainsi que, par sérendipité, j’ai découvert un nouveau style graphique.

Les visages sont votre source d’inspiration. Pourquoi ?

J’ai toujours été fasciné par le dessin d’un portrait. Chaque dessin a sa propre émotion, est unique. Un trait décalé d’un simple millimètre change radicalement toute l’expression d’un visage. Surtout, je laisse les dessins et les peintures d’architectes au domaine de l’architecture, alors que les portraits sont pour moi une manière de voir une autre forme d’architecture, avec des volumes très complexes…

Comment choisissez-vous vos modèles ?

Je les choisis aux coups de cœur. Si j’arrive à ressentir une émotion, je peux instantanément imaginer la direction du prochain tableau, en y ajoutant cette dimension d’improbable qui est très excitante, qui n’est pas contrôlée, à l’opposé avec le monde de l’architecture.

Votre recherche picturale porte notamment sur un jeu de contrastes pour créer une rythmique dynamique. Pouvez-vous nous en parler ?

Je parle de rythme dynamique dans le sens où je revisite l’art cinétique qui vit au gré des mouvements. Ici, le principe est le même mais sur une surface plane. L’acrylique mat joue le rôle de contraste avec son support brillant et réfléchissant. Il absorbe également les lumières et les couleurs que l’espace lui renvoie. Les nuances des couleurs sont ainsi différentes selon l’angle de vue.

De même, parlez-nous de votre technique plutôt singulière puisque vous associez l’acrylique au pinceau, au couteau et à la feuille d’or…

Toutes ces différentes techniques sont le fruit de nombreuses expérimentations. Le pinceau étale la peinture tandis que le couteau donne du relief avec l’épaisseur des couches.

Votre style est ainsi unique. Mais comment le définiriez-vous ?

Pour un «style unique », il me semble juste d’y associer un mot unique. Ainsi, je pourrais donc définir mon style comme de l’impressionnisme contemporain.

Que souhaitez-vous « transmettre » à travers vos œuvres ?

La recherche de l’émotion, de la contemplation à travers une délicate décomposition.

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