Par une palette colorée, cette artiste trace sur la toile une féminité habitée d’une lumière vive mêlée d’ombres et de transparence. Instants d’abandon ou de séduction, ses compositions picturales font la part belle à une féminité du quotidien que l’on pourrait croire volée.
Par Gabrielle Gauthier
Devant les toiles d’Annick Bouvattier, une question s’impose : est-ce réellement un tableau peint à l’huile et au couteau ? La réponse, qui s’impose en s’approchant, nous émerveille ! L’artiste nivernaise réussit en effet un véritable tour de force car si ses toiles sont effectivement lisses, sans aucune épaisseur, elles dispensent de sublimes effets de lumière et de transparence. Dans un style résolument figuratif moderne, ses «portraits » de femmes qui n’en sont pas véritablement jouent du mystère grâce à la touche légère et fluide de l’artiste, un cadrage hautement original, des couleurs pleines d’émotions qu’elle travaille lissées et tout en transparence avec ses couteaux. Devant cette féminité dévoilée comme par surprise, on découvre la vraie beauté, celle que l’on observe par inadvertance mais qui s’impose avec force à notre imaginaire et qui nous touche en plein coeur.
Quel est votre parcours ?
Mon père était amateur d’art, et m’a transmis très tôt le goût de la peinture. Je me suis d’abord dirigée vers le stylisme de mode et quelques-unes de mes créations, présentées à Paris et à la Villa Médicis (Rome), ont d’ailleurs connu un succès d’estime auprès des professionnels et ont fait l’objet de parutions dans la presse spécialisée. Plus attirée par la mode spectacle que par celle des boutiques, je me suis ensuite orientée vers le cinéma et la publicité. En tant que costumière styliste, j’ai travaillé pour les studios de Cinecittà, à Rome. De ces séjours italiens, j’ai gardé le goût des couleurs chaudes, sensuelles, profondes : ocres ensoleillés, rouges sourds, bleus intenses, verts profonds. Mais en 1990, j’ai finalement décidé de me consacrer exclusivement à la peinture, d’abord en autodidacte puis, de 1992 à 1996, comme élève de Pierre Ramel, disciple et massier de Mac’Avoy, qui m’a enseigné la technique de l’huile au couteau. Et depuis 1993, j’ai eu la chance de faire une quarantaine d’expositions, dont une vingtaine d’expositions personnelles.
Quelles sont vos principales influences ?
Robert Guinan, peintre américain que j’ai rencontré en 1993 et qui m’a dédicacé son livre Enjoy the trip, David hockney, les peintres classiques comme Renoir et Gauguin… mais aussi la mode, la lumière, la beauté, l’instant.
Comment êtes-vous venue à la peinture ?
En 1989, mon compagnon et moi avons emménagé dans un nouvel appartement. Nous rêvions d’une fresque sur le mur de notre salle à manger. Il m’a dit : «toi qui sait peindre, pourquoi ne la ferais-tu pas ?». Alors que je n’avais jamais tenu un pinceau, pour Noël il m’a offert une boîte de peinture et mon frère un livre Comment apprendre à peindre. Je n’ai jamais peint la fresque mais j’ai attrapé le virus de la peinture !