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Dans l’atelier de…

LES VISAGES de YBA INTERROGENT NOTRE HUMANITÉ

À TOUT JUSTE 20 ANS, YOANN BONNEVILLE S’EST DÉJÀ FAIT UNE RÉPUTATION SOUS SON NOM D’ARTISTE, YBA. AVEC SON TRAVAIL D’INSPIRATION URBAINE ET POP-ART, IL IMPOSE DÉJÀ UN STYLE BIEN RECONNAISSABLE.
Par Christian Charreyre

S’il a toujours été passionné par l’art, Yoann aurait pu s’orienter vers une carrière scientifique. Mais, bac en poche, il a choisi de se consacrer pleinement à sa passion, réalisant des toiles avec de l’acrylique, de l’aérosol et du collage et même des créations numériques, donnant une nouvelle modernité à la technique mixte.

Comment êtes-vous venu à l’art ?

Quand j’étais enfant, ma grand-mère était artiste peintre. Elle n’a pas exercé très longtemps, mais jusqu’à mes cinq ans, je l’ai vu peindre. Il y a peut-être quelque chose de l’ordre de l’inconscient qui s’est joué là pour ma vocation…, je ne sais pas trop [rires]. En tout cas, j’ai toujours aimé dessiner, que ce soit à l’école ou chez moi. Je m’intéressais aussi aux sciences, alors je me suis donc orienté vers un bac scientifique. Mais la peinture a toujours été présente dans ma vie.

Quelles sont vos références artistiques ?

Il y a un artiste contemporain que je suis et qui m’a inspiré à mes débuts, JM Robert, qui peint des toiles très colorées. Pour les collages, il y a Matisse évidemment ; et Andy Warhol, pour le Pop-Art.

Et vos sources d’inspiration ?

La rue, les gens que je croise, notre époque… Quand je me promène dans une ville, je m’intéresse aux affiches, aux panneaux. Je trouve que c’est comme une mini-société. J’aime immortaliser l’époque dans laquelle je vis.

Aujourd’hui, vous réalisez beaucoup de visages…

C’est venu naturellement… Je trouve que le regard est le meilleur moyen de refléter le monde qui nous entoure.

Comment définissez-vous votre style ?

On parle parfois de « toiles urbaines », mais cela me gêne quelque peu parce que je n’ai jamais travaillé dans la rue, même si j’aimerais bien. On peut voir dans mes tableaux du Street Art et du Pop Art mais je dirais plus simplement Art Contemporain, parce que cela
englobe un peu tout.

Avez-vous trouvé rapidement votre approche en technique mixte ?

J’ai commencé par l’acrylique et l’aérosol, en lien avec le Pop Art, parce que j’aimais ce style. Mais comme je ne voulais pas m’enfermer dans une technique, j’ai ajouté du collage et beaucoup d’autres choses. Un peu comme un chercheur, mais sur la toile, pas dans un labo.

Vous intégrez également des créations numériques dans vos œuvres…

Oui, mais c’est quelque chose d’un peu secret. J’intègre le numérique dans mes tableaux mais cela varie d’une toile à l’autre. J’aime bien que l’observateur se demande si c’est de l’acrylique, du collage, du numérique… Même s’il pense savoir, un doute subsiste. Je garde ainsi une part de mystère.

Votre démarche en technique mixte n’est donc pas toujours la même ?

Il y a toujours une trame commune mais cela varie en effet selon les toiles. Certaine œuvres intègrent beaucoup de collages ; d’autres non… Cela change selon l’inspiration.

Vous n’avez pas suivi de formation artistique…

Non, je tenais à garder un côté autodidacte, à ne pas être formaté, afin de m’exprimer librement. Je voulais vraiment créer mon propre style, ma propre technique. C’est venu au fur et à mesure, par l’expérimentation. Il y a des essais qui ont fonctionné, d’autres non. J’ai
découvert des choses, parfois volontairement, parfois par accident. Ainsi, au fil du temps, j’ai accumulé un savoir-faire.

Êtes-vous exigeant sur les produits que vous utilisez ?

J’en ai essayé pas mal. J’ai comparé et gardé des produits fétiches, par exemple les feutres Molotow et Posca. Pour l’acrylique, j’apprécie les produits Liquitex. Et je peins toujours sur toile, parce que c’est un support qui laisse beaucoup de possibilités et les tableaux font plus d’effet quand ils sont exposés. Peut-être que j’irai vers autre chose plus tard.

Comment vous organisez-vous pour peindre ?

J’ai la chance de travailler dans un atelier, un espace entièrement dédié à mon art. Et je ne compte pas mes heures de travail… Une chose est certaine, je travaille énormément [rires].

Combien de temps passez-vous sur chaque tableau ?

C’est difficile pour moi d’évaluer le temps. Il n’y a pas une heure où je ne pense pas à ma prochaine toile. Pour la production proprement dite, je passe par plusieurs étapes et cela me prend souvent plusieurs jours.

Comment savez-vous qu’une toile est achevée ?

Dès que je ressens une émotion sur ma toile, je m’arrête car elle est alors pour moi aboutie. Je pense qu’il ne faut pas aller trop loin et savoir s’arrêter à temps sous peine de perdre toute l’émotion ressentie.

Vous considérez-vous comme un artiste prolifique ?

Je ne me qualifierais pas comme tel, mais une chose est certaine, les idées fusent dans ma tête. J’ai souvent plusieurs projets sur lesquels je travaille simultanément. Quand une idée est là, il faut que je l’extériorise. Et cela peut arriver à n’importe quelle heure [rires].

Comment avez-vous décidé de devenir professionnel?

Mon bac en poche, cela s’est imposé à moi. Je voulais ne faire que de l’art dans ma vie, rien d’autre. J’ai lu beaucoup de biographies d’artistes qui ont eu une première carrière professionnelle avant de se lancer. Je me suis dit que je préférais le faire directement, parce que, peut-être qu’à quarante ans, je n’aurai plus le courage de tout plaquer [rires].

Votre carrière a démarré rapidement. Comment avez vous réussi à vous faire une place dès vos débuts ?

Je ne saurais pas l’expliquer. J’aime beaucoup aller vers les gens… et je n’allais pas attendre qu’ils viennent à moi. J’ai effectué des recherches sur Internet, contacté des organisateurs de salons, des salles municipales, des mairies, des galeries…, d’abord près de chez moi puis un peu partout. J’ai eu des réponses négatives, mais aussi positives.

Comment avez-vous fixé le prix de vos toiles ?

J’ai d’abord demandé conseil aux galeries et puis cela se fait petit à petit. On essaie, on voit si les gens sont prêts à mettre une telle somme et on ajuste. Et cela dépend des formats. Aujourd’hui, une toile se vend entre 700 et 1.800 euros.

Comment voyez-vous votre évolution ?

Ce qui est certain, c’est que je vais continuer totalement dans cette voie. En revanche, picturalement, je ne sais pas ce que je ferai dans dix
ans. Je n’ai pas vraiment envie d’y réfléchir; je préfère voir sur le moment. Mais j’ai vraiment envie d’être partout, dans le monde entier.

 

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