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Dans l’atelier de…

L’ŒIL DE JEAN CHAPUIS CAPTURE L’ÉMOTION DES VISAGES

CE PASSIONNÉ DE PHOTOGRAPHIE A DÉCOUVERT AVEC LA PEINTURE DE PORTRAITS UNE MANIÈRE DE PORTER UN AUTRE REGARD SUR L’IMAGE, DE SAISIR LA BEAUTÉ DE LA VIE ET L’EXPRESSION FUGITIVE DE SES MODÈLES.
Par Christian Charreyre

Jean Chapuis a découvert la photographie il y a une cinquantaine d’années, quand ses parents lui ont offert un appareil photo pour son
vingtième anniversaire. Sa rencontre avec la peinture est plus récente. Si les deux arts lui offrent un merveilleux refuge pour s’évader du quotidien, le portrait à l’huile lui offre une autre voie pour susciter l’émotion du spectateur.

Pourquoi être passé à la peinture à côté de la photographie ?

La peinture et la photographie nous apprennent à mieux observer et contempler les scènes diverses de la vie quotidiennes qui s’offrent à nous, personnages de la vie courante, paysages ou vie sauvage dans la nature qui nous entoure. On éprouve ensuite le besoin de transcrire par la peinture ou la photographie ces instantanés, tranches de vie pleines de beauté et de poésie, et cette approche artistique jalonnée de petits bonheurs constitue en quelque sorte notre vision personnelle du monde qui nous entoure. Je pratique la photographie depuis près de 50 ans – j’ai 70 ans cette année – et la peinture depuis 20 ans. Pour la peinture, l’opportunité a été de voir une peinture chez une amie photographe, et cela a constitué le déclic pour me mettre à l’apprentissage de ce nouvel art.

Quels parallèles et quelles différences faites-vous entre ces deux arts ?

Il s’agit de deux arts que je considère comme similaires, qui requièrent tous deux beaucoup de patience, d’humilité et d’apprentissage. C’est toujours le même besoin de vouloir capturer et transmettre l’émotion qui nous envahit à la vue d’un visage, d’un paysage ou d’un animal dans une situation particulière, on se met alors à rêver et à se laisser dériver dans un monde de beauté et de poésie. La peinture est toutefois un art autrement plus difficile à maîtriser que la photographie. C’est le travail et une passion de toute une vie, avec le privilège de se dire que la pratique de ces deux arts sera possible jusqu’à un âge avancé sous réserve que la passion soit toujours présente.

Qu’apporte votre œil de photographe au peintre ?

Avec la photographie, on est attentif et sensible aux ambiances, aux fonds, aux harmonies de couleurs, ainsi qu’aux instantanés parfois uniques que l’on peut parfois capturer dans la vie de tous les jours. Tous ces éléments, on essaye de les capter lorsqu’on veut réaliser une peinture.

Et votre travail de peintre a-t-il changé votre regard ?

Il est clair que le travail de peintre complète et enrichit le regard que l’on a avec un appareil photo, et aussi la vision que l’on a ensuite du monde. On apprend alors à observer un ciel, un paysage, un animal ou un visage d’une manière différente et plus profonde.

Pourquoi ne travaillez-vous pas les mêmes sujets en photo et en peinture ?

Je pratique la photo naturaliste, paysages, animaux sauvages, macrophotographie de fleurs et insectes, car je suis passionné de nature et de jardinage, je suis ingénieur agronome de formation. La magie de la nature et des saisons est une source éternelle d’émerveillement
pour moi. J’ai peint par le passé des paysages, mais jamais d’animaux. Seule la photo me permet de transmettre l’ambiance d’une scène de vie. Actuellement, le portait est le genre qui me plaît le plus – bien que ce soit le plus difficile – pour capturer et transmettre une émotion.

Qu’est ce qui vous séduit dans le portrait ?

J’ai commencé à peindre mes petits-enfants à de nombreuses reprises, à partir de photos de très bonne qualité que je réalisais lors de leurs visites, puis mes filles. Il s’agit d’un travail passionnant car on a vraiment le sentiment d’être avec eux, même s’ils sont parfois très
loin, et de partager des instants uniques. Le portrait est une quête perpétuelle, difficile et passionnante, pour vivre des moments privilégiés de création, dévoiler l’extraordinaire de vies ordinaires : on essaye de capturer l’essence d’une personne, sa diversité et sa complexité, l’aspect fugitif d’un instantané de vie pour transmettre l’émotion qui nous a ému et fixer le mystère d’un instant de vie.

Ce sujet pose-t-il des difficultés particulières ?

Je pense que le portrait est peut-être ce qui est le plus difficile en matière de peinture, surtout peindre un regard qui doit transmettre une certaine émotion. J’aime la notion de défis à relever et de progrès que l’on accomplit au fil des tableaux et au fil des années.

Comment avez-vous abordé votre formation ?

J’ai découvert la peinture en 2004 avec mon épouse. Nous avons commencé à peindre à cette époque, en apprenant différentes techniques – acrylique, huile, plume et lavis, couteaux, pinceaux… – avec différents artistes pendant plusieurs années, dont Christof Monnin, Christian Myotte, Segal, Alain Jamet, à l’atelier Artis, au Moulin de Perrot.

Que vous ont apporté les différents stages ?

Ces stages nous ont permis d’apprendre puis de perfectionner la technique. En peinture comme en photographe, ou en toute chose, il faut de la technique. Et, bien sûr, du bon matériel, beaucoup de travail et de persévérance, et toujours la passion. Les stages, comme les expositions, sont aussi des moyens important de convivialité, de partage et d’apprentissage avec d’autres artistes d’origine et de sensibilité diverses.

Quelles sont vos techniques de prédilection ?

Je pratique l’acrylique pour les dessins, les esquisses et les travaux préparatoires. Ensuite, je passe à l’huile. Elle convient particulièrement bien pour le travail de fond et les finitions des portraits qui constituent actuellement mon thème préféré.

Quels sont vos formats de prédilection ?

J’aime et pratique essentiellement les grands formats, de 60 x 60 cm à 100 x 100 cm, car seuls ceux-ci me permettent de m’exprimer librement avec des gestes amples et des effets de matières intéressants.

Combien de temps passez-vous sur une toile ?

Pour les portraits, le temps varie en moyenne de 10 à 15 heures. Au-delà, je considère que je n’apporte plus grand chose à la toile.

Vous êtes plutôt du genre à revenir souvent sur une même toile ou à peindre sur l’inspiration ?

En principe, je reviens très peu sur une toile mais j’aime beaucoup avoir un certain nombre de toiles visibles dans mon atelier, qui m’inspirent, me mettent dans l’ambiance et me donnent des idées concernant la création en cours.

Êtes-vous un peintre prolifique ?

À vrai dire, je peins surtout à la « mauvaise » saison, c’est-à-dire d’octobre à mars, dès que la météo n’est pas très bonne. Encore que la pluie, la neige ou le brouillard ne me gênent pas pour partir en vadrouille faire de la photo naturaliste car on a alors de belles ambiances à
découvrir et transcrire.

La qualité des produits que vous utilisez est-elle importante pour vous ?

Je suis sensible à la qualité des peintures et des pinceaux et j’utilise toujours les mêmes marques de peintures et les mêmes pinceaux (plats essentiellement, de 10 à 50 mm).

Comment êtes-vous installé pour peindre ?

Je suis très bien installé dans notre vaste véranda, très lumineuse, située au nord-ouest, avec une belle lumière et une magnifique vue sur la campagne environnante.

Vous exposez localement. Avez-vous envie de faire connaître votre travail ? De vendre vos toiles ?

Je pense que tous les artistes ont envie, à des degrés divers, de se faire connaître et de vendre certaines de leur réalisations. Cela éloigne le doute qui pointe parfois et cela motive beaucoup pour continuer dans la voie choisie et maintenir la passion. J’ai par exemple un projet de livre photo en cours, qui s’intitulera La magie des saisons, et c’est avec cet objectif que j’ai toujours le besoin et l’envie de réaliser de belles photos naturalistes. Pour la peinture, c’est un peu pareil, la suggestion récente par exemple de deux amis peintres d’exposer cet automne dans une galerie me motive beaucoup pour continuer et toujours progresser.

 

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