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Artistes n°19

Dépasser ce que l’on voit

« Certains peintres transforment le soleil en une tache jaune, d’autres trans- forment une tache jaune en soleil ». Cette phrase n’émane pas de l’un des artistes que l’on associe immédiatement à la peinture de paysage puisqu’elle est de Pablo Picasso. Pourtant, elle dépeint à merveille le défi qui s’offre à tous ceux – nombreux – qui s’attaquent à ce vaste sujet. Si la nature nous offre une incroyable source d’inspiration, elle sait aussi se montrer piégeuse… parce qu’elle offre à nos regards une multitude d’informations dans lesquelles il est facile de se perdre, un arbre, une clôture, un nuage dans le ciel, jusqu’à un brin d’herbe… la luxuriance de détails que l’on a envie de reproduire sur la toile.

Mais il ne faut pas l’oublier, la peinture n’est pas la photographie. Un tableau n’a pas vocation à reproduire la réalité, mais à l’évoquer et à faire naître chez celui qui regarde l’émotion qu’a ressenti celui qui l’a peint. Pour cela, il faut se rappeler, comme le disait Maurice Denis, qu’une table « est essentiellement une surface plane re- couverte de couleurs en un certain ordre assemblées ». Regarder un paysage comme un ensemble de formes, de lignes, de valeurs, de nuances et le transposer sur son support, non pas pour le copier mais pour le récréer, un exercice délicat, dont la maîtrise ne s’acquiert qu’avec l’expérience, l’humilité, le travail, les erreurs comprises et corrigées. Lorsque l’on réussit, le résultat est véritablement impressionnant. Et faire impression, c’est de- puis Monet, le rêve de tous les peintres de paysages.

Gabrielle Gauthier
gg@arts-magazine-int.fr

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