Puisant son inspiration de la nature, Nicolas Ruelle, à travers ses toiles, emmène le paysage vers une forme d’abstraction, comme ici Prélude, où la nature en mouvement est idéalement structurée par la couleur et sublimée par la lumière.
Etape 1
Je mélange grossièrement de la terre d’ombre naturelle, du bleu de prusse et du bleu outremer. Sans faire de fond pour privilégier la matière, je commence à appliquer ce mélange en couche épaisse au cœur de la toile, à l’aide d’une large spatule, du style de celles qu’on utilise pour faire des enduits muraux. Les gestes sont dynamiques et spontanés.
Etape 2
En intégrant du bleu céleste, je commence à sculpter cette matière, toujours avec la spatule. Il s’agit de créer dans le frais des effets irisés. J’applique également du blanc de titane et obtient des effets qui, grâce au bleu de prusse, seront tantôt bleus, tantôt verts. La gestuelle, précise et énergique, est essentielle. Elle doit correspondre à un jaillissement.
Etape 3
J’utilise le couteau pour donner une structure au cœur de la toile, mais également les doigts pour lisser les mélanges. Pour la première fois, j’utilise le pinceau pour faire remonter certains effets vers le haut. Je commence également à apporter des couleurs plus vives, ici rouge de cadmium moyen, vert olive clair et jaune moyen, que j’associe au bleu céleste.
Etape 4
À l’aide de ma grande spatule et avec du blanc de titane, je diffuse les mélanges vers la partie inférieure de la toile, en faisant de grands mouvements de gauche à droite. Je balaye cet espace en larges couches pour créer toutes sortes de reflets que je finis de travailler à l’aide d’un large pinceau. Je poursuis cette étape jusqu’à ce que la lumière recherchée s’anime.
Etape 5
Je réalise un vieux rose que j’applique sur la partie supérieure de la toile, en créant des effets irisés au pinceau. J’utilise du blanc de titane en couche épaisse que je lisse avec les doigts pour donner du mouvement. En remontant vers le haut, je travaille des teintes aux effets changeants, de plus en plus sombres, en intégrant notamment un peu de bleu royal à la palette. Cette étape achevée, je laisse reposer la toile et prends le recul nécessaire, parfois plusieurs jours, pour retrouver un œil vierge.
Etape 6
Après quelques temps, je peux alors, avec des pinceaux de toutes les tailles, retravailler sereinement teintes et contrastes, souvent sur plusieurs séances. Pour fondre les couleurs et trouver l’harmonie, j’estompe certains effets et en renforce d’autres. Ici, je choisis de faire dominer les bleus et les roses, d’atténuer les verts en les brossant de bleu. Surtout, je crée un nouveau bleu, plus sombre, que j’applique en dégradé dans la partie supérieure de la toile. Après plusieurs jours, si je suis toujours satisfait, je peux signer et vernir la peinture.