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Rencontres

Victor Spahn, l’illusion de la vitesse

Artiste reconnu depuis quarante ans, notamment pour ses affiches consacrées à différents sports, Victor Spahn est, à juste titre, surnommé « le peintre du mouvement », une technique qu’il a affinée au fil de plus de 4.000 œuvres.

Né en 1949 à Paris, de parents russes, Victor préfère le dessin aux études et se confronte rapidement à la vie active à travers des « petits boulots », garçon de café, groom au Claridge… Après un passage chez un fabricant de carreaux de céramique, il fonde en 1968 sa propre entreprise et réalise en mosaïque la décoration d’ensembles architecturaux d’après ses propres cartons. Après une première exposition personnelle en 1976, il se lance au début des années 1980 dans ses premières toiles consacrées au polo et au golf, puis à d’autres sports. Il réalisera de nombreuses affiches pour des événements comme l’Open de Paris de tennis à Bercy, l’Open de Golf Peugeot ou les Championnats du Monde de Polo à Deauville. Il expose en galerie à Paris, Honfleur et Gordes, mais aussi à Genève, Tokyo ou aux États-Unis (Chicago, San Francisco, New York).

Comment êtes-vous venu à la peinture ?
Dès l’âge de sept ans, le directeur de l’école communale a remarqué que j’avais une passion pour le dessin. Il avait d’ailleurs dit à mon père : « Ne vous inquiétez pas pour lui, il sera peintre ». Personne ne l’a cru à l’époque mais cela s’est confirmé avec le temps. À l’origine, je créais des mosaïques. Après des études disons « paresseuses », à 19 ans j’ai appris cette technique.

Quelles sont les rencontres qui ont marqué votre carrière ?
Comme je suis d’origine russe, ma tante m’emmenait régulièrement à l’église russe de Clamart, où j’ai fait la connaissance d’André Lanskoy, un des plus célèbres peintres russes, qui était intime et maître de Nicolas de Staël. C’est lui qui m’a conseillé de passer à la peinture. Il m’a donné quelques tubes ej’ai commencé à peindre, de l’abstrait au départ. Par la suite, à 25 ans, j’ai fait ma première exposition à la galerie Étienne Sassi, où j’ai présenté une toile représentant un petit sulky, très rapidement réalisé, parce que je ne savais pas encore dessiner les chevaux correctement. « Victor, si tu en avais fait quarante comme ça, on les aurait tous vendus », m’a dit Étienne Sassi. J’ai compris qu’il fallait saisir cette opportunité. Je suis allé sonner à la porte du Polo Club de Paris pour leur demander de prendre des photos et dessiner les chevaux librement. Le directeur m’a proposé de faire une exposition lorsque j’aurais suffisamment de tableaux à présenter. Quand j’en ai eu unezaine, je les ai exposés et ils ont connu un très vif succès. François Dalle, qui était le directeur de l’Oréal et du trophée Lancôme, m’a alors remarqué. Cette rencontre m’a permis d’entrer à la Galerie Beauvau…

Comment avez-vous créé vos premières affiches ?
François Dalle m’a demandé de peindre des golfeurs pour offrir les toiles au Trophée Lancôme. Jean-Claude Decaux, patron du réseau d’affichage, a découvert ce que j’avais réalisé et m’a demandé de faire la première affiche de l’Open de Paris, qui avait lieu à Bercy. J’ai peint Noah en train de sauter en l’air. Cette affiche a connu un tel succès que toutes les galeries sont venues me solliciter.

Est-ce que vous travaillez d’après nature, sous forme de croquis ou à partir d’autres sources ?
J’ai commencé d’après nature puis, quand j’ai été sollicité pour d’autres sports, comme les voitures de course, j’ai été obligé de travailler d’après des photos. Je travaille aussi sur place, comme pour la Cup of America à Auckland en 2000. C’est là où j’ai peint ma série de bateaux : un travail difficile pour rendre à la fois le poids du bateau, la vitesse du vent qui passe dans les voiles… J’essaye de me mettre à la place du vent, de la poussée, du poids du bateau qui s’enfonce dans l’eau. Et je comprends qu’il fait tout pour s’élever au-dessus des éléments.

Quels sont les autres thèmes qui vous inspirent ?
Je réalise beaucoup de paysages, en Provence. La danse m’inspire également beaucoup mais on ne peut pas prendre de photos malheureusement.

Quelles sont les techniques que vous utilisez de préférence?
Peinture à l’huile exclusivement, à la brosse mais aussi au couteau, ou tout ce qui est nécessaire.

Comment procédez-vous ? Votre technique semble très rapide…
Je commence par un dessin au crayon. En fait, non, parce que je commence par le sujet lui-même, puis je peins le fond, et le fond « mange » tout ce que j’ai déjà mis sur la toile. Puis je gratte, j’enlève afin que les transparences ressortent. Cela donne l’impression de la rapidité mais ça ne l’est pas !

Vous avez beaucoup peint…
Je crois que j’ai fait quatre mille tableaux. Comme je peins depuis toujours, c’est une estimation. Je vis ma peinture en permanence.

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