EXPLORANT LA LUMIÈRE, LA COULEUR, LA MATIÈRE, MURIEL AVEROS NOUS OFFRE DES COMPOSITIONS D’UNE GRANDE SENSIBILITÉ. À CHAQUE TOUCHE, ELLE IMPRIME SUR LA TOILE TOUT UN FLORILÈGE D’ÉMOTIONS.
Par Gabrielle Gauthier
Devant ces toiles où l’artiste joue de la matière, des ombres et de la lumière, on n’a qu’une envie, plonger dans le tableau et se laisser porter par l’émotion. Ses œuvres au style « figuratif contemporain avec une note impressionnisme » comme elle le définit elle-même, témoignent d’une heureuse spontanéité qui explore les sensations autant que les instants de vie. Utilisant l’huile de façon colorée et instinctive, Muriel Averos matérialise sur toile son ressenti, le rendant totalement perceptible au regardeur. Il déambule ainsi au milieu de l’Affluence parisienne, frissonne avec Jour de pluie, s’évade avec les chevaux en liberté de Camargue… Une artiste qui a su imposer sa « patte » sans pour autant s’enfermer dans un carcan stylistique.
D’où vous vient votre passion pour la peinture ?
J’ai eu la chance d’avoir des parents voyageurs et amoureux de l’art. Dès mon plus jeune âge, j’ai ainsi été sensibilisée à l’art à travers les expositions des grands musées, pour admirer les grands maîtres de la peinture et de la sculpture. Cela explique peut-être cette passion qui s’est révélée naturellement après des études de photographie.
Quel est votre parcours artistique ?
Après le bac, je souhaitais entrer aux Beaux-Arts mais l’autorité parentale a eu le dessus, me conseillant un par cours plus conventionnel. J’ai donc fait deux ans de droit, pour finalement bifurquer vers la photographie ! Pour autant, j’ai commencé à peindre vers 17 ans, en copiant Renoir, Duffy, Monet… en autodidacte. La rencontre du peintre Casimir Ferrer m’a ouvert à la peinture à l’huile à laquelle je me suis formée lors de stages. J’ai ainsi suivi ses cours plusieurs années régulièrement. Ma vie de famille ne permettait hélas pas de peindre en dehors de ces stages. Cela ne fait qu’une petite dizaine d’années que j’ai décidé d’en faire mon métier et de peindre ainsi quotidiennement. Toujours curieuse d’apprendre et en perpétuelle recherche de challenges, je suis d’ailleurs depuis un an des cours avec un aquarelliste dont j’admire le travail mais aussi des cours de modelage sur terre…
Votre style est singulier. Comment s’est-il imposé à vous ?
Difficile de répondre à cette question… Aimant la mer, j’ai d’abord peint beaucoup de marines, puis j’ai croqué des chevaux… Mon approche était alors moins détaillée, au point que certaines parties de mes toiles étaient carrément abstraites. Aujourd’hui, je vais davantage dans le détail, je suis plus patiente également dans la réalisation de mes toiles… C’est en cela que mon style a évolué, devenant plus précis.
D’ailleurs, comment le définiriez-vous ?
Figuratif contemporain avec, assurément, une note impressionniste.
Comment a-t-il évolué ?
Au fur et à mesure du temps, et surtout de l’expérience. J’ai aujourd’hui assez d’assurance pour savoir où je vais avant de toucher mes pinceaux.
Pourquoi avez-vous choisi l’huile que vous pratiquez « de façon colorée et instinctive » ?
L’huile s’est imposée comme une évidence. J’ai commencé par l’huile et n’ai jamais pu m’en séparer ! J’aime son onctuosité, son rendu, son odeur… et surtout les multiples possibilités qu’elle offre. Elle permet aussi de prolonger le plaisir parce qu’elle sèche lentement. Néanmoins, je découvre avec bonheur l’aquarelle, un noble médium.
Qu’est-ce qui vous inspire et comment choisissez vous vos sujets ?
Les jeux de lumières, depuis quelques temps, s’imposent à moi. Mais les sujets restent variés, comme l’attitude d’un enfant, des voiliers sur l’eau, l’élégance et la force des chevaux…. Et même des jambes qui avancent. C’est par l’observation et l’émotion que le sujet s’impose à moi. Il m’arrive également de travailler à partir de photos que j’ai prises pour figer une ambiance qui m’a séduite. Je travaille souvent
par séries, sans me préoccuper des tendances ou des « demandes » des salons ou galeristes ! Je veux rester libre aussi bien dans les sujets que je peins que dans mon style, qui peut varier entre le figuratif descriptif et le ressenti spontané, mais toujours avec la mème écriture.
Vous travaillez notamment les reflets. Qu’apportent-ils à vos œuvres ?
Mes premiers reflets sont apparus dans des scènes vénitiennes il y a plus d’une dizaine d’années. Longtemps, la lumière, les jeux de couleurs et le ressenti d’un lâcher-prise lors de la réalisation de reflets sur une toile m’ont apporté beaucoup de plaisir. J’affectionne d’ailleurs toujours cette « abstraction » que je pose dans mes reflets, très vifs et colorés. Pour autant, je ne joue des reflets que lorsqu’ils s’imposent à moi et que le sujet s’y prête. Il ne sont pas nécessairement présents dans toutes mes toiles.
Que souhaitez-vous « transmettre » à travers vos œuvres ?
Une émotion, un début d’histoire, que le spectateur s’approprie l’œuvre pour l’interpréter à sa guise… et surtout du plaisir !
Avez-vous un « truc de pro » à partager ?
Dans la peinture à l’huile, je ne me sers que très rarement du noir en tube, excepté pour créer des gris. Le noir en tube étant trop terne, je le crée en mélangeant du bleu indien ou indigo, avec du vert émeraude, par exemple, ou même un rouge selon les nuances que je veux donner à mon noir. Ainsi, il vibre plus ! C’est le conseil que m’avait donné mon maître, et que j’applique toujours. Enfin, la toile terminée, je conseille de prendre une photo en noir et blanc de l’œuvre afin d’évaluer les valeurs, mais aussi de l’observer dans un miroir pour faire apparaître les défauts.