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Rencontres

L’expression suggestive et colorée de Thierry Landon

Sculptées au couteau et au spalter, les œuvres de thierry landon transcendent les couleurs, la matière et la lumière, se faisant synthétiques mais hautement suggestives.

La particularité des œuvres de Thierry Landon est d’attirer notre attention à la fois sur le centre de la composition, donc la scène représentée, mais aussi sur la matière colorée qu’il sculpte avec minutie sans pour autant se soucier des détails. Les éléments surgissent alors de la toile, apparaissant en pleine lumière grâce aux pigments à la fois colorés et modelés. «L’objectif de mon travail est de développer une écriture picturale suggestive, en privilégiant la couleur, la lumière et la matière tout en conservant une expression figurative ». Traduisant son ressenti par une pâte épaisse pour davantage de contrastes, des couleurs vives, une lumière d’une grande subtilité, l’artiste nous ouvre les portes de son imaginaire mais aussi du nôtre, faisant ainsi de chaque spectateur un acteur. « J’invite ainsi chaque spectateur à entrer en scène et à éprouver le ressenti d’une perception intime, d’un fragment d’existence et de retrouver une émotion lointaine oubliée ».

D’où vient votre passion pour la peinture ?
De mon père, qui était designer dans le domaine de l’automobile. Il m’a transmis sa passion pour les couleurs et l’art pictural. Nous habitions alors à Paris et, lorsque j’étais enfant, nous allions souvent place du Tertre.

Travaillez-vous par séries ? Et où trouvez-vous l’inspiration pour vos différents thèmes ?
Mon travail fonctionne de façon linéaire. Les thèmes en séries permettent une certaine constante. Je trouve une clé de travail pour un thème que je fais évoluer dans la couleur et le placement du sujet. Mais l’atmosphère et la ligne directive du départ restent omniprésentes. Quant à l’inspiration, elle vient d’une part de différents voyages pendant lesquels je prends des photos et, d’autre part, de mon imagination.

Pourquoi avoir choisi l’huile et le couteau ?
La technique de la peinture à l’huile répond à mes attentes ; elle m’apporte une bonne sensation créative et me permet de travailler alla prima. Les pâtes sont plus longues et étirables par rapport à l’acrylique. Bien que j’utilise à 30% le spalter large, c’est toujours le couteau qui domine dans l’aspect final du tableau. Il me permet en effet de sculpter dans la matière fraîche. Je suis boulimique de matière et de cet aspect glacé haut en relief. Je peins sur des toiles métis 300 g qui, pour ma technique alla prima, répondent à mes exigences. Elles permettent une bonne cadence à la peinture qui pénètre rapidement. Et en tant qu’ancien élève de l’École Boulle, j’ai appris le métier de tapissier d’ameublement, donc je tends moi-même la toile sur le châssis.

Votre recherche picturale s’articule-t-elle ainsi autour de la matière et la couleur ?
Je dirais que, dans le pictural, le thème n’est qu’un prétexte à la couleur et que mes tableaux sont dépouillés de détails superflus. Cela me permet de développer une écriture synthétique relevant parfois de l’abstraction, mais avec néanmoins une lecture figurative.

Pour vous, « l’épaisseur » était-elle importante ?
Dans ma création, l’impact de la matière est visible. C’est la matière qui me permet d’apporter du contraste à la scène. Mais ma création doit, également, comporter des zones de repos afin de donner de la légèreté au tableau.

Que symbolise pour vous la palette que vous privilégiez ?
La palette que j’utilise symbolise l’expression et le feu intérieur qui coulent en moi, à travers une gamme de rouges orangés. Les bleus passionnels symbolisent l’énergie maritime, souvenirs de mes premières vacances.

Comment travaillez-vous la lumière, les couleurs et les contrastes qui transparaissent dans vos toiles ?
Les couleurs dans mon travail ont des liens entre elles ; j’évite les tons égarés et solitaires. Ainsi le résultat final est une osmose colorée. Il en est de même pour la lumière, tout est une question de basse ou haute densité, ce qui procure au tableau une sorte d’effet 3D où le contraste est présent.

Quelles difficultés rencontrez-vous avec l’huile et comment les surmontez-vous?
Étant donné que je travaille alla prima, la difficulté se présente dans les 3/4 d’ombres qui siccativent plus vite, ce qui complique la tâche puisque je sculpte la matière. Je dois donc réaliser mon tableau en une séance, peu importe le nombre d’heures que je dois passer devant le chevalet. Mais cela a néanmoins un avantage car je considère que, dans ce travail, l’œuvre doit être réalisée en une séance.

Que souhaitez-vous transmettre à travers vos œuvres ?
J’aime penser que le spectateur qui regarde mon tableau ressent un sentiment longtemps
enfoui, une émotion perdue et qu’à travers ce rendu, il puisse apporter mentalement sa
touche finale et évoquer quelque chose de totalement indépendant de ma volonté de
peintre.

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