Montrer le mouvement, c’est suggérer plastiquement la vitesse, le dynamisme, le déplacement. Pour y parvenir, chaque artiste ou presque explore sa propre voie.
En arts visuels, le mouvement fait référence à différentes oppositions statisme/dynamisme, équilibre/déséquilibre, mobilité/immobilité, espace/ temps. D’une manière générale, la symétrie, les lignes horizontales et verticales génèrent une impression statique, au contraire de l’asymétrie, des courbes et des obliques qui suscitent tension et dynamisme. Les contrastes de couleurs et de valeurs, la révélation du travail (touches apparentes, surface vibrante, non finito) offrent de possibles suggestions du mouvement. Ces multiples approches sont mises en œuvre par les artistes actuels.
L’aquarelliste québecois John Yun est réputé pour ses tableaux de surfeurs. Sa technique de prédilection permet de créer des effets de flou et de transparence particulièrement bien adaptés au rendu du mouvement. Les éclaboussures obtenues par projection accentuent l’impression de vitesse apportée par le jaillissement des vagues autour de la planche.
Portraitiste californien engagé, Devin Wesley a choisi de travailler exclusivement en noir et blanc, pour exprimer toutes les oppositions, picturales et sociétales. Pour ce tableau original dans sa production, la sensation de dynamisme repose entre l’apparence quasi statique de la position, pourtant improbable à « tenir », et le mouvement suggéré par les nattes.
Le thème principal des œuvres figuratives du français Jean-Luc Lopez est le mouvement, qu’il dépeint avec des couleurs vibrantes et des textures attrayantes. « J’aime jouer avec la couleur pour surprendre celui qui regarde mes tableaux », explique le peintre. Défi réussi pour cette scène intense de rugby, où le contraste entre les couleurs des maillots des deux protagonistes est renforcé par le dynamisme des nombreuses courbes en blanc.
Artiste peintre viant dans le sud de la France, Patrice Palacio a essentiellement construit son travail autour de deux constantes : l’achromie du noir et blanc, permettant d’aller à l’essentiel du phénomène, et la déconstruction de la surface picturale qui engage le spectateur dans une dualité figuration/abstraction. Une démarche parfaitement illustrée par cette danseuse aux lignes épurées, minimalistes et pourtant dynamiques.
La composition de l’œuvre sur une ou des lignes obliques, un cercle ou une spirale génère visuellement un principe de tension et de dynamique. L’effet peut être renforcé par un enchevêtrement complexe de courbes, contre-courbes et lignes opposées et par des valeurs fortement contrastées, à l’image du tableau de Guy Buecher, dont les tableaux jouent sur la confrontation entre chaos et structure, rigidités et mouvements, ombres et lumières qui impriment ce mouvement global.
Pour Julie Wallois, « l’Homme se sert de son propre corps pour organiser l’espace et rythmer le temps ». Dans son travail, elle cherche à saisir le mouvement en trois dimensions « dans sa beauté spontanée, dans le jeu des pleins et des vides, en souhaite imprégner la surface plane de vibrations charnelles et nerveuses, de palpitations et d’instinct ». Son danseur, comme saisi en plein vol, dans une position improbable, occupant tout l’espace de la toile, en est une parfaite illustration.
Sculptrice new-yorkaise, Olivia Kim utilise le dessin pour mieux comprendre les particularités du corps humain. Pour explorer véritablement toutes les possibilités du mouvement, il est nécessaire d’explorer de nouvelles dynamiques corporelles introduisant des usages musculaires inhabituels. « Si vous regardez deux danseurs de salsa, que voyez-vous ? Deux personnes font un pont corporel, deux paires de pieds sur le sol, le pont se rejoignant par les mains et les bras »