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Lucie Llong : Traduire l’essence des gestes sur la toile

Impliquant une maîtrise de la gestuelle, une connaissance fine de l’anatomie, l’utilisation de matières suffisamment fluides pour rendre ces instants fugaces de la lumière, la peinture des gestes sportifs est un véritable défi.

Peintre professionnelle installée à Champeix, dans le Puy-de-Dôme, Lucie Llong a une passion pour le sport en général, à commencer par le rugby. Normal pour cette catalane d’origine – terre d’ovalie – qui habite à deux pas du stade de l’ASM-Clermont Auvergne. Le travail de cette diplômée en Arts Plastiques de la Sorbonne est marqué par un usage de couleurs particulièrement vives et éclatantes au service d’un dessin vif et énergique.

C’est un voyage en Australie qui a marqué le début de votre carrière…
Oui, un projet que j’avais de longue date. L’envie de voyager, de découvrir différentes cultures, des populations et des paysages. L’Australie était l’occasion d’accompagner mon conjoint qui devait faire un Master. On a découvert également la culture Maori en Nouvelle-Zélande.

L’amour du rugby est-il venu à cette époque ?
Non, ça, c’était bien avant ! Mon grand-père était rugbyman. Il a joué toute sa vie et j’ai baigné dans ce milieu dès mon plus jeune âge. C’est un sport que j’aime par-dessus tout. La première toile que j’ai réalisée sur le sport était déjà consacrée au rugby.

Quelle est votre formation artistique ?
Je suis passée par un bac scientifique. Je voulais étudier le corps, l’anatomie. J’étais attirée par des études médicales et j’ai obtenu un diplôme d’infirmière. Ensuite, je me suis inscrite en Arts Plastiques à la Sorbonne. En France, nous sommes dans une politique du diplôme, contrairement à l’expérience que j’ai eue en Australie, où l’on fait davantage confiance au savoir-faire. Malgré tout, j’avais envie d’une formation pour approfondir mes connaissances, notamment en histoire de l’art.

Quelle était la réaction de vos professeurs par rapport à votre amour du sport, plutôt loin des Beaux-Arts ?
Ce n’est pas quelque chose que j’ai mis en avant de prime abord. Au début, on touche un peu à tout. Dans un premier temps, j’ai abordé l’Art par la couleur, surtout grâce à un livre sur Kandinsky que l’on m’avait offert.

À part le rugby, quels sont vos autres sujets ?
J’adore le sport en général, c’est aussi pour ça que j’aime le peindre. En fait, j’ai dessiné et peint tous les sports que j’ai pratiqués. J’ai fait du tennis, j’ai joué au golf aussi, je pratique le
VTT, le ski, le judo… J’ai aussi fait de la danse, de l’équitation, je cours toujours…

Comment faites-vous pour vous imprégner de la technique des gestes dans des disciplines aussi différentes ?
Pour peindre une toile, j’ai besoin de ressentir le mouvement, de le comprendre. Ce qui implique qu’il faut le vivre. Donc, soit je le pratique, soit je vais voir des matches. Pour les sports que je ne connais pas beaucoup, je regarde aussi des photos et des vidéos. Pour la boxe, par exemple, je me renseigne auprès de spécialistes qui m’expliquent les positionnements. Généralement d’ailleurs, je me renseigne énormément en amont avant d’attaquer une toile et de me jeter dedans corps et âme. Cette phase de préparation s’accompagne également de nombreux croquis.

Y a-t-il une approche gestuelle dans votre travail ?
Je vis littéralement mes tableaux, c’est sportif ! Pour la réalisation d’un portrait de Michael Jackson que l’on m’a demandé, j’ai écouté sa musique non-stop en peignant [rires]. Je m’imprègne littéralement de ce que je suis en train de peindre.

Dans la plupart de vos tableaux consacrés au mouvement, les visages ne sont pas dessinés. Pour quelle raison ?
Oui, c’est volontaire, parce que je veux avant tout transcrire le mouvement du corps, le poids des membres pour traduire l’effort. C’est l’action qui rythme mon travail.

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