Menu
Dossiers

Travailler à partir d’une photo

MAÎTRISER LES SECRETS DE L’AQUARELLE

Il n’est pas toujours possible de peindre d’après nature. Lorsque l’on travaille d’après une photo, il est important de réaliser une esquisse à l’échelle. Joëlle nous donne la marche à suivre avec cet exemple d’une aquarelle du Mont-Saint-Michel en camaïeu de bleus.
Par Joëlle Fagot

 

Je réalise toujours mon dessin sur une feuille de papier libre car le papier aquarelle est fragile et je n’aime pas le gommer, au risque de l’endommager. Ensuite, je décalque mon dessin et je le reproduis sur le papier aquarelle. Le problème quand on travaille à partir d’un tirage papier, c’est qu’il est rarement à la bonne dimension.

Etape 1: Je définis les grands axes de mon image

Sur ma photographie, je trace d’abord la diagonale qui part du coin inférieur gauche au coin supérieur droit. Je trace ensuite un triangle qui englobe mon sujet principal et dont la base est le bord inférieur de mon image.

Etape 2: Je reproduis mon image a l’échelle

Je place mon image sur le papier libre, en faisant coïncider les deux angles gauches du bas. Je prolonge la diagonale qui part de l’angle inférieur gauche jusqu’à la taille voulue. Si je veux doubler la taille de la photo, il me suffit de doubler la longueur de la diagonale et de fermer le rectangle. Dans le grand rectangle ainsi obtenu, je détermine l’emplacement du clocher. Puis de ce clocher, je trace deux obliques jusqu’aux deux angles droit et gauche. Dans ce triangle, il ne reste plus qu’à dessiner le contour du Mont-Saint-Michel qui sera
exactement le double de l’original.

Etape 3: Je prépare mon papier aquarelle

Je reproduis le croquis à l’échelle réalisé sur papier libre sur le papier aquarelle. J’immerge la feuille de papier pendant 5 minutes dans un bac rempli d’eau avant de la plaquer sur le support en plexiglas. Je fais « voyager » l’eau sur la feuille pour répartir l’humidité uniformément. Je ne commence pas à peindre immédiatement, il faut que l’eau ne bouge plus sur la feuille, ce qui peut demander plusieurs minutes.

Etape 4: Je mets les couleurs en place

Avec un pinceau chinois en poils de chèvre, je dépose sur le ciel, le Mont et les reflets, successivement de l’orange (jaune transparent, rouge quinacridone plus une pointe d’alizarine), du bleu céruléum, et du violet (bleu nuance rouge plus alizarine). J’ajoute du bleu nuance rouge pour avoir un bleu violacé. Ma peinture est liquide, mon pinceau chinois « caresse » le papier. Avec de la peinture plus veloutée, je renforce les valeurs avec, d’une part, du bleu indanthrène, et, d’autre part, du bleu indigo dans lesquels j’ai ajouté de l’alizarine. Afin d’intégrer la peinture, je peux fondre les couleurs avec mon pinceau chinois bien essoré.

Etape 5: J’ajoute les contrastes

Quand mon papier devient plus mat, ma peinture est pâteuse, c’est le moment d’apporter plus de contrastes sur les endroits à l’ombre, certains toits sur les remparts et la végétation. Je réalise également quelques traits horizontaux sur l’eau avec un pinceau fin synthétique  humide pour créer des lumières. Avec ce même pinceau humide, j’ouvre les blancs sur les parties lumineuses du Mont.

Etape 6: Je finalise les détails par des rehauts

Une fois le papier sec, avec un pinceau fin synthétique, je réalise des rehauts de valeurs au niveau du point focal, le clocher avec sa flèche. J’ajoute également quelques ombres aux alentours.

Etape 7: C’est termine !

Le tableau est fini. Attention, avec le papier Arches l’ouverture de blanc est plus délicate qu’avec un autre papier. Dès que le papier est sec, on ne peut plus intervenir. Il faut veiller à bien respecter le moment où les blancs sont plus faciles à ouvrir : mi-mat ou mat-frais, avant qu’il ne soit trop tard.

 

 

Lire le magazine