Explorant différents sujets – reflets multicolores dans l’eau, corps sur des rochers, lumière à travers un feuillage – les tableaux de Juliette June nous entraînent du figuratif aux limites de l’abstraction, dans un univers poétique où la lumière et les couleurs sont prédominantes.
Se qualifiant elle-même d’artiste métaphysicienne, Juliette June aime explorer la nature humaine et son environnement dans toutes ses dimensions. Depuis 2017, elle enseigne le dessin d’après modèle vivant, le, dessin académique et la peinture, et transmet ses outils pour développer sa propre pratique artistique.
Artiste aux multiples facettes, à la fois scénographe, poète, danseuse, comédienne, dessinatrice, mais avant tout peintre, c’est en rencontrant ceux qu’elle appelle ses mentors, Paul Oertel et Kath Burlinson, la créatrice du collectif collectif The Authentics Artists, que Juliette June a pu gagner en confiance, canaliser son énergie créative et donner vie à ses visions artistiques autour de la peinture, sans perdre de vue les autres pratiques.
Comment êtes-vous passée du décor de théâtre à la peinture ?
C’est d’abord l’inverse qui s’est passé. J’ai toujours dessiné, j’ai commencé à prendre des cours à l’âge de 7 ans et jusqu’à mes 18 ans, très fidèle à l’école Martenot à Neuilly sur-Seine. Après le bac et un détour par une prépa littéraire – je ne savais pas vraiment ce que je voulais faire – j’ai présenté plusieurs écoles d’art, dont les Beaux-Arts de Paris. J’ai été prise à la Saint Martin School of Design à Londres, mais en décors de théâtre, pas en Beaux-Arts. C’était formidable parce que je suis aussi passionnée par la scène. Après mes études, j’ai travaillé un an pour le Théâtre National de Grèce, c’était génial. Mais je me suis rendue compte que, en tant que scénographe, on travaillait pour la vision d’un metteur en scène, et moi, je voulais faire mes trucs [rires].
Ce choix de vous consacrer exclusivement à la peinture coïncide-t-il avec votre retour en France ?
Tout à fait. À Londres, j’avais un atelier où je peignais, je suivais mes cours de décors de théâtre, j’enseignais le Français, je courais les castings comme actrice… Je menais vraiment beaucoup de choses de front. L’Angleterre a été un formidable territoire d’expérimentations, de rencontres. Mais j’ai compris que si je devais ne choisir qu’une seule chose, ce serait la peinture. Lorsque je suis revenue en France, j’ai décidé de simplifier ma vie.
Comment avez-vous trouvé votre style ?
Gilles Marrey, un ami de ma famille et professeur aux Beaux-Arts, m’a donné beaucoup de conseils et m’a fait cette réponse quand je lui ai dit que j’aimerais beaucoup trouver mon style : « Surtout, ne cherches jamais ton style. Ce sont les autres qui le verront. Toi, tu dois juste travailler ». Depuis, je cherche constamment à découvrir tout ce que je peux faire avec ce matériau aussi polyvalent, à être toujours surprise avec la peinture.
Est-ce la raison pour laquelle que vous travaillez par séries ?
Oui. Je pense que cela me force, en effet, à canaliser toutes mes idées. Je ne sais pas d’avance combien de temps va durer une série. C’est une énergie. La série vient sur une inspiration, je la « tire » autant que possible. J’aimerais souvent aller plus loin, parce que c’est la fin de la série qui m’intéresse le plus. Quand je suis arrivée au bout, je ne peux pas la reprendre, j’ai l’impression de redémarrer à zéro. Par exemple, je me suis lancée dans la série sur la Nouvelle-Zélande, Memory Lakes, après un voyage qui s’est terminé en catastrophe en raison du Covid. Avec le confinement, j’ai travaillé dans mon atelier, et j’ai fait douze toiles. J’aurais aimé en faire davantage mais je n’y suis pas arrivée. Pourtant, j’ai vraiment essayé.